Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/314

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liste, et tu signes ! — moins que cela encore : tu ne la lis pas, et tu signes !

Ensuite je ris longtemps et beaucoup, du rire joyeux que vous savez, en parcourant ces institutions dites républicaines, et que vous pourrez lire quand vous voudrez ; ces lois de l’âge d’or auxquelles ce béat cruel voulait ployer de force notre âge d’airain. Robe d’enfant dans laquelle il voulait faire tenir cette nation grande et vieillie. Pour l’y fourrer, il coupait la tête et les bras.

Lisez cela, vous le pourrez plus à votre aise que je ne le pouvais dans la chambre de Robespierre ; et si vous pensez, avec votre habituelle pitié, que ce jeune homme était à plaindre, en vérité vous me trouverez de votre avis cette fois, car la folie est la plus grande des infortunes.

Hélas ! il y a des folies sombres et sérieuses, qui ne jettent les hommes dans aucun discours insensé, qui ne les sortent guère du ton accoutumé du langage des autres, qui laissent la vue claire, libre et précise de tout, hors celle d’un point sombre et fatal. Ces folies sont froides, ces folies sont posées et réfléchies. Elles singent le sens commun à s’y méprendre, elles effrayent