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Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/321

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pour purger le monde. — Les races sauvages sont dévouées et frappées d’anathème. J’ignore leur crime, ô Seigneur ! mais, puisqu’elles sont malheureuses et insensées, elles sont criminelles et justement punies de quelque faute d’un ancien chef. Les Européens, au siècle de Colomb, eurent raison de ne pas les compter dans l’espèce humaine comme leurs semblables.

La Terre est un autel qui doit être éternellement imbibé de sang. »

O Pieux Impie ! qu’avez-vous fait ?

Jusqu’à cet Esprit falsificateur, l’idée de la Rédemption de la race coupable s’était arrêtée au Calvaire. Là, Dieu immolé par Dieu avait lui-même crié : Tout est consommé.

N’était-ce pas assez du sang divin pour le salut de la chair humaine ?

Non. — L’orgueil humain sera éternellement tourmenté du désir de trouver au Pouvoir temporel absolu une base incontestable, et il est dit que toujours les sophistes tourbillonneront autour de ce problème, et s’y viendront brûler les ailes. Qu’ils soient tous absous, excepté ceux qui osent toucher