Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/330

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les médecins le sont souvent : cela m’inquiète peu, pour moi du moins, ajoutai-je en appuyant sur ces derniers mots.

— Ah ! pour vous ! » me dit-il en époussetant ses bottes avec sa cravache. Puis il se leva et marcha dans la chambre en toussant avec un peu de mauvaise humeur.

Il revint.

« Savez-vous s’il est en affaire ? me dit-il.

— Je le suppose, répondis-je, citoyen Chénier. »

Il me prit la main impétueusement.

« Çà, me dit-il, vous ne m’avez pas l’air d’un espion. Qu’est-ce que l’on me veut, ici ? Si vous savez quelque chose, dites-le-moi. »

J’étais sur les épines ; je sentais qu’on allait entrer, que peut-être on voyait, que certainement on écoutait. La Terreur était dans l’air, partout, et surtout dans cette chambre. Je me levai et marchai, pour qu’au moins on entendît de longs silences, et que la conversation ne parût