Page:Vigny - Stello ou Les diables bleus, 1832.djvu/340

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vexé ; je suis au contraire né Poète et j’ai perdu mon temps à l’armée et à la Convention. »

J’avoue que malgré la gravité de la situation, je ne pus m’empêcher de sourire de son embarras.

Son frère aurait pu parler ainsi ; mais Joseph, selon moi, se trompait un peu sur lui-même ; aussi l’incorruptible, qui était au fond de mon avis, poursuivit pour le tourmenter :

« Allons ! allons ! dit-il avec une galanterie fausse et fade, allons ! tu es trop modeste, tu refuses deux couronnes de laurier pour une couronne de roses-pompon.

— Mais il me semblait que tu aimais ces fleurs-là toi-même autrefois, citoyen ! dit Chénier ; j’ai lu de toi des couplets fort agréables sur une coupe et un festin. Il y avait :

 
O Dieux ! que vois-je, mes amis ?
Un crime trop notoire.
O malheur affreux !
O scandale honteux !
J’ose le dire à peine ;
Pour vous j’en rougis,