dans son lit de mort, sur son matelas mince et enfoncé, les jambes chargées d’une couverture de laine en lambeaux, la tête nue, les cheveux en désordre, le corps droit, la poitrine découverte et creusée par les convulsions douloureuses de l’agonie. Moi, je vins m’asseoir sur le lit de sangle, parce qu’il n’y avait pas de chaise ; j’appuyai mes pieds sur une petite malle de cuir noir, sur laquelle je posai un verre et deux petites fioles d’une potion, inutile pour le sauver, mais bonne à le faire moins souffrir. Sa figure était très noble et très belle ; il me regardait fixement, et il avait au-dessus des joues, entre le nez et les yeux, cette contraction nerveuse que nulle convulsion ne peut imiter, que nulle maladie ne donne, qui dit au médecin : Va-t’en ! et qui est comme l’étendard que la Mort plante sur sa conquête. Il serrait dans l’une de ses mains sa plume, sa dernière, sa pauvre plume, bien tachée d’encre, bien pelée et toute hérissée ; dans l’autre main, une croûte bien dure de son dernier morceau de pain. Ses deux jambes se choquaient et tremblaient de manière à faire craquer le lit mal assuré. J’écoutai avec attention le souffle embarrassé de la respiration du malade et j’entendis
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