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THÉÂTRE.

JOHN BELL.

Vous feriez mieux de prêter à intérêts sur de bons gages.

KITTY BELL.

Dieu vous pardonne vos sentiments et vos paroles !

JOHN BELL, marchant dans la chambre à grands pas.

Depuis quelque temps, vous lisez trop ; je n’aime pas cette manie dans une femme… Voulez-vous être une bas-bleu ?

KITTY BELL.

Oh ! mon ami ! en viendrez-vous jusqu’à me dire des choses méchantes parce que, pour la première fois, je ne vous obéis pas sans restrictions ? — Je ne suis qu’une femme simple et faible ; je ne sais rien que mes devoirs de chrétienne.

JOHN BELL.

Les savoir pour ne pas les remplir, c’est une profanation.

KITTY BELL.

Accordez-moi quelques semaines de silence seulement sur ces comptes, et le premier mot qui sortira de ma bouche sera le pardon que je vous demanderai pour avoir tardé à vous dire la vérité. Le second sera le récit exact de ce que j’ai fait.

JOHN BELL.

Je désire que vous n’ayez rien à dissimuler.