Page:Vigny - Théâtre, II, éd. Baldensperger, 1927.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
CHATTERTON.

illustre à présent, tu nous dédaignes. Moi je n’ai rien appris de bon à Oxford, si ce n’est à boxer, j’en conviens ; mais cela ne m’empêche pas d’être ton ami. — Messieurs, voilà mon bon ami…

CHATTERTON, voulant l’interrompre.

Milord…

LORD TALBOT.

Mon ami Chatterton.

CHATTERTON, sérieusement, lui prenant la main.

George, George ! toujours indiscret !

LORD TALBOT.

Est-ce que cela te fait de la peine ? — L’auteur des poèmes qui font tant de bruit ! le voilà ! Messieurs, j’ai été à l’Université avec lui. — Ma foi, je ne me serais pas douté de ce talent-là. Ah ! le sournois, comme il m’a attrapé ! — Mon cher, voilà lord Lauderdale et lord Kingston, qui savent par cœur ton poème d’Harold. Ah ! si tu veux souper avec nous, tu seras content d’eux, sur mon honneur. Ils disent les vers comme Garrick. — La chasse au renard ne t’amuse pas ; sans cela, je t’aurais prêté Rébecca, que ton père m’a vendue. Mais tu sais que nous venons tous souper ici après la chasse. Ainsi, à ce soir. Ah ! pardieu ! nous nous amuserons. — Mais tu es en deuil ! Ah ! diable !

CHATTERTON, avec tristesse.

Oui, de mon père.