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THÉÂTRE.

KITTY BELL.

Pourquoi donc trop tôt, si vous pensez que sa présence soit si fatale ?

LE QUAKER

Oui, je le pense, je ne me rétracte pas.

KITTY BELL.

Cependant, si cela est nécessaire, je suis prête à le lui dire à présent ici.

LE QUAKER.

Non, non, ce serait tout perdre.

KITTY BELL, satisfaite.

Alors, mon ami, convenez-en, s’il reste ici, je ne puis pas le maltraiter : il faut bien que l’on tâche de le rendre moins malheureux. J’ai envoyé mes enfants pour le distraire ; et ils ont voulu absolument lui porter leur goûter, leurs fruits, que sais-je ? Est-ce un grand crime à moi, mon ami ? en est-ce un à mes enfants ?

Le quaker, s’asseyant, se détourne pour essuyer une larme.
KITTY BELL.

On dit donc qu’il a fait de bien beaux livres ? Les avez-vous lus, ses livres ?

LE QUAKER, avec une insouciance affectée.

Oui, c’est un beau génie.