Page:Villévêque - De la situation des gens de couleur libres aux Antilles francaises, 1823.djvu/7

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les colonies ? Leur conduite y défie la censure ; ils puisent dans la religion le mobile de leurs actions ; ils sont soumis aux lois, et connaissent les règles immuables de l’honneur, dont ils ne s’écarteront jamais ; voilà leur profession de foi ! Que l’on nous dise maintenant pourquoi on les prive des droits que l’on accorde aux Indiens dans nos colonies d’Asie[1]. On ne poussera pas sans doute l’absurdité jusqu’à donner pour motif les nuances du teint ou la forme des traits africains.

Ainsi, ce n’est donc plus qu’à la Martinique et à la Guadeloupe que se fait sentir l’influence du préjugé de la naissance ou de la couleur ; influence, qui a été reconnue si injuste et si pernicieuse dans différentes contrées, et surtout en France, où le roi, dans le calme d’une profonde sagesse, l’a anéantie en nous donnant le Code immortel de nos lois. Aujourd’hui, tout Français quel qu’il soit, trouve dans la Charte un asile inviolable contre les vexations de l’homme puissant, et peut, avec des

  1. L’Américain indigène possède tous les droits civils et politiques, et obtient même des titres de noblesse. À St.-Domingue, les hommes de couleur sont les premiers magistrats de l’état. Ils jouissent de tous les droits civils et politiques dans les colonies espagnoles régénérées, de tous les droits civils et, d’une partie des droits politiques dans les Antilles anglaises.