VI
un sauvetage émouvant
eux journées de marche séparaient encore les
aventuriers de la baie de Mackenzie, et Vernier
commençait à désespérer d’y arriver jamais, tant
était grand l’épuisement de sa troupe. Les indigènes, habitués
aux privations et aux rigueurs climatériques de cet
épouvantable contrée, allaient tant bien que mal, mais
les matelots, moins aguerris que ces rudes enfants du désert,
faiblissaient de plus en plus. Il ne fallait rien moins
que la parole persuasive et réconfortante de leur capitaine
pour les empêcher de se laisser choir sur la neige et d’y
attendre la mort.
Vernier se rendait parfaitement compte que bientôt ses encouragements seraient impuissants à galvaniser ces hommes accablés par des souffrances de toutes sortes, aussi se creusait-il la cervelle pour en faire jaillir une idée qui lui permît d’apporter un peu d’adoucissement à la terrible situation de tous ces malheureux, dont l’affreuse agonie lui brisait le cœur. Bien que son sort fût le même, il l’oubliait volontiers pour ne songer qu’à la responsa-