quante ou soixante lieues au nord-ouest des Esquimaux.
Le second fit de la tête un signe approbatif.
Vernier reprit :
— Les glaces qui nous emprisonnent ne fondront pas avant la fin de l’hiver ; or, étant donné la latitude, c’est au moins six mois à attendre ici.
— Ensuite ?… fit M. de Navailles.
— Pardon, ce mot a trait à la deuxième de tes questions. Tu m’as demandé ce que nous avions à craindre, il faut d’abord liquider ce point… Je t’ai dit que nous ne verrons les glaces se désagréger que dans six mois, un peu plus, un peu moins, mais à quelques jours près. Or, nous n’avons guère que pour trois mois de vivres et pour deux mois de combustible.
— Le combustible, c’est du superflu, puisque la machine ne fonctionnera pas.
— Tu crois cela ?
— Dame ! à moins que nous ne levions l’ancre… et encore, avec du vent nous pourrions marcher à la voile.
— Et avec quoi nous chaufferons-nous ?
— Je n’y songeais pas.
— Heureusement, j’y ai songé pour toi.
— Mais lorsque nous n’aurons plus de charbon, comment nous procurerons-nous du feu ?
Le capitaine regarda son second, et un sourire funèbre passa sur leurs lèvres.
Ce sourire, le comte le surprit et il en eut froid au cœur.
— Je t’ai demandé où tu te procurerais du chauffage lorsque la provision de charbon serait épuisée, dit-il brièvement ; réponds-moi donc.