Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
au klondyke

Ce que nous venons de raconter s’était passé en moins de deux minutes.

Accablés par le nombre, les révoltés avait fatalement succombé. Ils gisaient maintenant sur le sol, criblés de blessures ; les uns morts, les autres se tordant dans les suprêmes convulsions de l’agonie.

Un silence funèbre avait brusquement succédé au tumulte du combat. Les vainqueurs, presque tous blessés, regardaient avec tristesse les morts et les mourants, et à mesure que les esprits se calmaient, des larmes montaient aux yeux, larmes de pitié pour ces anciens compagnons dont le sang s’échappait par vingt blessures. Certes, ils avaient mérité leur sort, et la fureur inouïe avec laquelle ils s’étaient battus prouvait suffisamment que, s’ils l’eussent pu, ils n’eussent fait de quartier à personne ; pourtant, chacun les plaignait sincèrement.

— Voyons, dit tout à coup un matelot, il s’agirait de savoir ce que tout cela signifie. Réveillés par le bruit des revolvers, nous sommes accourus au secours du capitaine et, pour ma part, je ne le regrette pas, mais je voudrais bien savoir ce qui s’est passé.

Cette demande était trop juste pour que Vernier n’y fit pas droit. En quelques mots il expliqua à ceux qui ne savaient rien du complot, comment Loriot avait percé à jeu le plan des assassins.

— Ainsi, reprit le matelot, pendant que nous avions faim, ces gueux-là entassaient des vivres dans la cale du Caïman.

— Mon Dieu, oui, dit le second ; et tout à l’heure vous en serez convaincus en voyant rapporter ici les provisions soustraites.