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Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/177

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la révolte

ment dans lequel il les voyait plongés lui faisait avec raison craindre de ne pouvoir mettre à exécution son projet, qui était la dernière chance de salut, et cette crainte le désespérait plus que la situation dans laquelle il se trouvait. C’est qu’il est pénible pour un homme au tempérament énergique de ne voir autour de lui que des regards mornes et éteints, alors que la force morale, qui décuple la force physique, lui serait si utile.

On a vu, dans des batailles, des soldats, affolés par la peur, jeter leurs armes et se laisser tuer sans se défendre ni fuir. De même, en présence d’un danger sérieux, certaines natures renoncent à lutter et attendent la mort avec une sorte de fatalisme contre lequel aucun raisonnement ne peut prévaloir. Aussi, Vernier, en considérant les visages pâlis de ses matelots, voyait-il avec douleur les premiers symptômes de cette funeste apathie.