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la fonte des glaces

Les survivants de cette expédition sont assis, çà et là, semblables à des spectres, le regard vitreux et sans volonté. Ils n’ont pas même la suprême ressource de penser, ce qui leur permettrait d’oublier parfois leur horrible situation pour rêver d’un avenir meilleur. Ils sont là, inertes et sans force, ne sentant plus la douleur.



Tout à coup, une voix trouble le silence. C’est celle d’un matelot qui, souriant comme un enfant, chante doucement :

Mon père a fait bâtir maison,
Tontaine, tonton,
Par trente gabiers d’artimon.

Celui-là a cessé de souffrir : la folie a envahi son cerveau affaibli par les privations.