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au klondyke

resse, sur ces visages livides. Alors, Vernier se souleva péniblement en murmurant :

— Ce n’est donc pas encore fini ?

Un soupir poussé près de lui attira son attention. C’était Loriot qui, lui aussi, renaissait à la vie :

Le regard de Vernier se détacha bientôt du Parisien, pour se porter sur la mer, où apparaissait au loin un navire voguant toutes voiles dehors.

— Regarde, dit-il d’une voix faible à Loriot, en désignant le vaisseau qui s’avançait par bâbord… Peut-être nous a-t-on aperçus ?

Alors tous deux se traînèrent jusqu’au mât dont ils s’aidèrent pour se dresser sur leurs jambes vacillantes.

Le navire était encore loin, mais il était évident qu’il venait droit au radeau.

Soudain, Vernier eut un éblouissement. Il chancela et se cramponna au mât pour ne pas tomber.

— Il arrivera trop tard, dit-il d’une voix à peine intelligible… C’est fini !… Embrasse-moi, matelot !

Les deux hommes lâchèrent le mât et s’étreignirent affectueusement, puis ils roulèrent sur le radeau, où ils restèrent immobiles.

Un râle s’échappa de la gorge de Vernier, et les lèvres décolorées du Parisien murmurèrent :

— Adieu, maman !

Cependant, le navire avançait toujours. Lorsqu’il fut à cinquante brasses du radeau, il mit en panne et deux canots glissèrent le long de ses flancs.

En quelques coups d’avirons, ceux qui les montaient accostèrent le radeau, sur lequel ils s’élancèrent.