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au klondyke
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mes compagnons tombaient autour de moi les uns après les autres. Lorsqu’on a subi de telles épreuves, on est assez enclin à se contenter de ce que l’on a.

— C’est votre dernier mot ?

— Absolument.

— Je n’insisterai donc pas, quoique je sois un peu gêné d’accepter le présent que vous me faites.

— Il est bien minime en comparaison de celui que vous nous avez fait en nous rendant la vie qui nous échappait. Acceptez donc sans fausse honte ce que je vous donne. Qui sait si je ne suis pas en ce moment l’instrument de la Providence ? Au lieu de la fortune que je crois vous donner, c’est peut-être votre mort que je prépare.

— Vous n’êtes guère rassurant, fit le capitaine un peu refroidi.

— C’est que je vois encore la vie à travers les brumes glacées auxquelles je viens d’échapper si miraculeusement. N’attachez donc aucune importance aux paroles d’un homme que les malheurs ont désabusé. Allez de l’avant, crânement, sans vous laisser rebuter par les difficultés, et l’avenir est à vous ; d’autant plus que votre route sera singulièrement aplanie par les puissants moyens dont vous disposerez.

Laissons les deux marins à leur conversation et voyons un peu ce que sont devenus Loriot, Valentin et le timonier breton.

Tandis que Vernier est hébergé par le capitaine, ils sont choyés des matelots qui leur font sans cesse raconter leur odyssée.

Les premiers récits faits par Valentin avaient été quelque