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le caïman

ter la vie à un brave garçon ; j’espère que cela vous servira de leçon et que, à l’avenir, vous choisirez un peu mieux vos distractions.

Les matelots se retirèrent, l’oreille basse, car ils se rendaient parfaitement compte qu’ils n’étaient point exempts de reproche.

Quant à Loriot, l’étourdi Parisien, il alla droit à Valentin et lui tendit la main en disant d’un ton de voix sincère.

— Mon vieux, ne me garde pas rancune, j’ai fait des bêtises, mais cela ne se renouvellera pas, je te le promets.

Instruit par l’expérience, Valentin fixait sur son tyran un œil méfiant, mais il vit, dans son regard, tant de franchise, qu’il serra la main qui lui était tendue.

— Cette fois, c’est bien vrai, n’est-ce pas ? demanda-t-il pourtant.

— Je te le jure ! fit solennellement le Parisien.

Et pour lui prouver sa sincérité, il voulut l’emmener boire un verre de rhum, mais le sobre Valentin, tout en le remerciant, lui déclara qu’il ne buvait jamais d’alcool, et que, pour le moment, tout ce qu’il désirait, c’était de changer de vêtement.

— Eh bien ! va te sécher, lui dit le Parisien en lui administrant, en signe d’amitié, une tape dans le dos, qui lui fit faire un bond de deux mètres en avant. Valentin s’enfuit dans sa cabine en grommelant :

— Ils ont failli me faire noyer avec leurs plaisanteries, et maintenant, ils vont me démolir avec leur amitié.

À partir de ce jour, Valentin put aller et venir librement sans avoir à redouter les brimades ou les facéties. Quand