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le caïman
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— Ami, dit Vernier en serrant convulsivement le bras du comte, nous sommes sur les bords du Klondyke. Mes renseignements étaient exacts car voici, devant nous et sous nos pieds, les trésors incalculables dont je t’ai parlé… Oublions la fatigue et le froid. Nous allons puiser à pleines mains dans ces richesses qui semblent des parcelles du soleil tombées sur cette terre encore vierge… Ah ! le chasseur canadien ne m’avait pas trompé, et il y a bien là de quoi devenir le roi de l’univers !… Retournons au camp et faisons transporter ici le matériel, afin que nous commencions les fouilles aujourd’hui même… Eh bien ! tu ne réponds rien… Qu’as-tu donc… Eh ! mais, tu te trouves mal !…

Et Vernier reçut dans ses bras le comte qui, en proie à une violente émotion, avait subitement pâli :

— Ce n’est rien, dit le jeune homme en se redressant vivement.

— La vue de tant d’or te trouble, n’est-il pas vrai ?

— Je l’avoue… mais c’est passé. Retournons au camp.

— C’est étrange ! dit Vernier avec un rire nerveux, je n’aurais jamais cru éprouver l’impression que je ressens en ce moment. Je ris et j’ai envie de pleurer.

— C’est nerveux, dit le comte en allongeant le pas ; éloignons-nous et cette impression se dissipera.

En effet, à mesure qu’ils se rapprochaient du camp, cette sorte de fascination qui les avait remplis d’un trouble indéfinissable disparaissait graduellement, et lorsqu’ils eurent rejoint leurs compagnons, ils étaient redevenus complètement calmes.

La troupe se mit immédiatement en marche.