Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
59
la moisson d’or
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

capitaine fit allumer la machine, et une heure après, le navire reprenait sa marche, avec, seulement, sa brigantine et son grand foc, les autres voiles ayant été carguées.

Le Caïman qui, jusque-là, avait marché gracieusement incliné sur le flanc, se redressa, et le halètement de la machine remplaça le murmure de la brise dans les agrès.

Profitant de ce que le calme de la mer ne nécessitait point sa présence sur le pont, le capitaine Vernier emmena son ami dans sa cabine et s’occupa des comptes.

L’équipage devait recevoir un vingtième des bénéfices, c’était donc deux cent cinquante mille francs que les matelots devraient se partager.

Ce point arrêté, on discuta sur la part qui revenait au lieutenant. Il n’avait eu que peu de chose à faire, mais il n’en avait pas moins été le commandant du navire en l’absence du capitaine, dont il était un ancien camarade ; de plus, il n’eut pas été juste qu’un officier touchât la même solde qu’un matelot. Les deux amis décidèrent donc qu’il lui serait attribué, sur leurs parts, une somme de vingt mille francs.

— Reste le Caïman, dit le capitaine, je le revendrai bien ce qu’il nous a coûté.

— Pourquoi le vendre ? dit vivement le comte.

— Que veux-tu donc en faire ?… Tu ne penses pas le faire monter en épingle et le porter à ta cravate comme un souvenir de notre voyage.

— J’avoue qu’il me gênerait un peu.

— Eh bien, alors ?…