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LE CHEF DES HURONS

— Bon ! pensa Sans-Peur, il est poursuivi par des Iroquois ; nous allons rire.

Soudain, huit Peaux-Rouges bondirent à travers les halliers et s’arrêtèrent, hésitants, à vingt pas du roc derrière lequel s’était réfugié le Huron.

Ce dernier, n’écoutant que son courage, au lieu d’attendre la décision qu’allaient prendre ses ennemis, leur envoya une balle : un Iroquois, frappé en pleine poitrine, fit un bond de tigre et retomba la face contre terre.

Les autres poussèrent un cri de rage et s’élancèrent vers le rocher sur lequel le Huron, les yeux étincelants, les attendait, le couteau à la main.

Mais au moment où ils s’élançaient, une balle tirée par Sans-Peur jeta le désordre parmi eux.

Presque aussitôt, le chasseur déchargea ses pistolets abattant encore deux guerriers, puis il se rua sur les Iroquois, le couteau au poing.

En voyant ce secours inattendu, le Huron poussa son cri de guerre, fonça sur ses ennemis, qui, épouvantés par cette attaque imprévue, s’enfuirent en laissant quatre des leurs sur le terrain.

— Ma foi ! dit joyeusement le Canadien, il était temps que je me misse de la partie !

Mais au lieu de partager la gaieté de son sauveur, le Huron le regarda fixement pendant quelques minutes, puis, posant l’index de sa main droite contre la poitrine du chasseur, il lui dit d’une voix que l’émotion faisait trembler :

— Taréas est un grand chef ! Le chasseur blanc lui a sauvé la vie, il ne l’oubliera pas.

— Bah ! fit en riant Sans-Peur, cela ne vaut pas la peine d’en parler.

— Le chasseur blanc veut-il me dire son nom ? reprit l’Indien.

— Je n’y vois pas d’inconvénient : je me nomme Sans-Peur.

L’Indien recula d’un pas et considéra le Canadien avec admiration.