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LE CHEF DES HURONS

Taréas veillait : d’un bond, il fut sur le flanc de l’animal et lui planta son couteau dans le cœur avant que ses formidables griffes eussent le temps d’effleurer l’épiderme du chasseur, qui se releva sans la moindre blessure.

— Ooah ! fit en riant le chef, mon frère a mal tiré.

— Pas du tout, répondit Sans-Peur, très vexé ; seulement, l’animal s’est élancé au moment où je pressais la détente.

— Enfin ! mon frère est sauvé.

— Oui, grâce à vous. Mais n’emportons-nous pas cette peau ?

— Cela nous prendra bien du temps.

— Vous avez raison. Continuons notre route.

Les deux amis se remirent en marche, après, toutefois, que Sans-Peur eût rechargé son fusil.

Au point du jour, ils se trouvèrent à une portée de pistolet d’une colline sur le flanc de laquelle s’ouvrait une vaste grotte.

Au pied même de la colline, un campement était installé. À travers le demi-jour qui éclairait vaguement la plaine, on voyait des ombres aller et venir en tous sens.

En moins de cinq minutes, Sans-Peur et Taréas furent au campement.

La première personne qu’ils aperçurent fut M. de Vorcel, qui surveillait les préparatifs du départ.

En voyant avancer Sans-Peur et son ami, un fugitif sourire éclaira son visage pâli par la douleur.

— Soyez les bienvenus, dit-il affectueusement en leur tendant la main. Vous ne sauriez croire, ajouta-t-il en s’adressant à Sans-Peur, combien j’ai été heureux lorsque le chef est arrivé à Québec. Je commençais à désespérer, mais sa venue a relevé mon courage, car elle prouvait que vous aviez enfin obtenu quelques renseignements.

— Est-ce que le chef ne vous a pas expliqué ce que nous avons appris ?

— Il ne m’a rien expliqué du tout.