Alors, espérant fléchir leurs ennemis, ceux qui restaient debout, une dizaine au plus, jetèrent leurs armes en signe de soumission.
— Garrottez ces misérables ! ordonna le colonel.
Les chasseurs sautèrent à terre et exécutèrent en un clin d’œil l’ordre de leur chef.
La porte de la ferme s’ouvrit alors, le pont-levis fut abaissé, et Louis accourut au-devant de son père, qui le reçut dans ses bras, le pressant convulsivement contre sa poitrine.
Soudain, le colonel pâlit.
— Tu es blessé s’écria-t-il, en remarquant du sang sur le front de son fils.
— Ce n’est rien… Une balle m’a égratigné en passant.
— Tu te battais donc aussi ?
— Pouvais-je me cacher pendant que ces braves gens se battaient pour moi ?
— Bien, mon fils, bien, dit le colonel en serrant la main du jeune homme ; je suis content de toi.
Joseph Dufour, qui avait voulu laisser M. de Vorcel se livrer sans contrainte à l’élan de sa joie, s’avança alors avec sa famille.
Le colonel, qui avait appris par Sans-Peur ce qu’il devait à ces braves gens, leur tendit vivement la main.
— Merci, leur dit-il. Je sais tout ce que vous avez fait pour mon fils.
— Mon colonel, dit le fermier, je regrette presque que Sans-Peur soit venu ici, car nous aimons beaucoup M. Louis, et nous eussions été heureux de le garder avec nous.
La naïveté de cette déclaration fit sourire M. de Vorcel ; mais elle prouvait tant de bonté et de tendresse pour son fils, qu’il en fut touché profondément.
— Soyez persuadé que je n’oublierai jamais votre dévouement, dit-il en souriant.
Les chasseurs avaient déjà reconnu leur ancien compagnon d’armes ; aussi lui firent-ils une véritable ovation.