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LE CHEF DES HURONS

Sa première pensée fut de reprocher à ses bandits leur désobéissance, mais il comprit immédiatement que les récriminations seraient superflues ; aussi feignit-il de trouver leur conduite toute naturelle.

Lui, pourtant, s’était élancé bravement à travers la savane, stimulé par la honte d’avoir été, ainsi qu’il le disait, joué par un enfant.

De plus, la pensée de la magnifique rançon que devait lui rapporter le fugitif, s’il parvenait à le rejoindre, décuplait son énergie.

Il marcha donc de conserve avec les quatre bandits qu’il avait trouvés sur sa route.

Dans la soirée, les cinq hommes se trouvèrent face à face avec le cadavre de l’Espagnol tué par Sans-Peur.

— Eh bien, dit un des bandits en regardant James d’un air narquois, avions-nous raison en refusant de marcher isolément ?

James ne répondit point, mais un rictus de fureur plissa ses lèvres.

Combien d’hommes allait-on lui tuer ainsi ?

Telle était la question qu’il se posait, tandis qu’une crainte vague lui poignait le cœur.

Soudain, il releva la tête en disant d’une voix brève :

— Il faut à tous prix que nous nous réunissions tous, car un ennemi est à nos trousses.

— Un ennemi ? firent les bandits.

— Oui.

— Qui cela peut-il être ? interrogea un des pirates.

— Qui ? fit James en ricanant. Ne l’avez-vous donc pas deviné ?

Et comme ses hommes se taisaient, attendant qu’il s’expliquât plus clairement, il ajouta :

— Il n’y a qu’un homme assez audacieux pour s’attaquer à nous aussi ouvertement. Cet homme, c’est Sans-Peur !

— Sans-Peur ! firent les bandits en frissonnant.