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LE CHEF DES HURONS

Le missionnaire sortit de la hutte avec ses hôtes et les promena autour des habitations de ses indiens.

Partout régnait la plus grande activité. Les femmes préparaient le repas de leurs époux, qui revenaient de la plaine par groupes, riant et causant entre eux. Pas un cri, pas un bruit discordant ne se faisaient entendre. C’était le bonheur calme, la vie champêtre dans toute sa patriarcale grandeur.

— Ces hommes semblent bien heureux, dit Sans-Peur au bout d’un instant.

— Ils le sont, en effet, répondit le Père Florentin.

— Que ne vous doivent-ils pas ?…

— Je leur dois plus encore, car si je leur ai donné les douceurs calmes de la vie matérielle, ils m’ont donné, eux, la suprême félicité du devoir enfin accompli. Grâce à eux, mon passage sur cette terre n’aura pas été inutile, puisque j’ai pu les faire renoncer à leurs sanglantes coutumes et ouvrir leur cœur à l’amour du prochain, qu’ils propagent à leur tour lorsque par hasard ils se trouvent en contact avec leurs anciens frères ; et quand je paraîtrai devant Dieu, j’aurai, pour me faire escorte, les âmes de ceux d’entre eux qui m’auront précédé dans la vie éternelle.

En parlant ainsi, le Père Florentin semblait transfiguré. Ses traits étaient empreints d’une joie céleste qui frappa Taréas.

— Père, lui dit-il, je reviendrai vous voir et vous me parlerez de votre Dieu.

— C’est cela, chef, venez me voir de temps en temps, dit en souriant le missionnaire.

Leur promenade terminée, le Père Florentin et ses hôtes retournèrent à la hutte, où, pendant leur absence, le souper avait été préparé.


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