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UN GLORIEUX FAIT D’ARMES

Le général connaissait ce complot ; aussi redoutait-il une révolte, qui eût donné à ses ennemis une arme contre lui. Il lui fallait vaincre à tout pris, afin de prendre barres sur eux. Cette première campagne devait donc décider de l’avenir de son commandement.

Sa perplexité avait aussi une autre cause : les conditions de la bataille qu’il allait livrer étaient nouvelles pour lui. Habitué à faire manœuvrer de grandes masses, dans des pays dont il avait les cartes sous les yeux et dont il connaissait les voies de communication, les cours d’eau, les rivières, les ponts, etc., il devait maintenant opérer dans un pays où les routes n’existaient point et où la navigation était presque impossible ; il fallait des rivières d’une grande largeur avec de légères pirogues ; voyager péniblement dans des déserts où l’on ne trouvait rien pour se nourrir ; se frayer à la hache un passage dans des forêts vierges presque impénétrables, peuplées de fauves et de reptiles ; aussi était-il obligé de dresser ses plans de bataille d’après les rapports de ses batteurs d’estrade, qui, heureusement, étaient tous d’honnêtes chasseurs canadiens.

Le général dirigeait donc tout pensif la marche des troupes, quand Sans-Peur accourut vers lui.

— Eh bien ! fit le général, avez-vous quelques renseignements ?

— Oui, mon général.

— Les Anglais ?…

— Ils vous croient à Québec

— Je vais leur prouver le contraire.

— Bon ! Nous allons nous amuser.

— Savez-vous autre chose, bien que ce que vous m’avez dit soit très intéressant, puisque les Anglais, qui croyaient nous surprendre, vont être eux-mêmes surpris.

— Je sais que les troupes que vous avez avec vous pourront traverser rapidement le Saint-Laurent.