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le chef des hurons

— En vertu des ordres que je viens de recevoir, je dois prendre certaines précautions indispensables pour la défense de la Mission.

— Je vous comprends, colonel : vous désirez être ici le maître absolu, ce qui est très naturel, puisque vous devez supporter seul la responsabilité des événements qui se préparent. Soyez donc sans inquiétude à cet égard : quoique mon cœur saigne à la pensée du sang qui va couler dans ces plaines que j’ai si heureusement fertilisées, je dois m’incliner devant la nécessité de sauver les amis qui m’entourent. Vous pouvez donc ordonner, je serai le premier à obéir.

— Merci, mon Père, vous êtes un saint homme.

Les Indiens de la Mission connurent bientôt le danger qui les menaçait, mais ils en furent plus attristés qu’effrayés. Leur conversion au christianisme, en faisant pénétrer dans leur cœur des sentiments nobles et généreux, n’avait pas amolli leur courage ; aussi, jurèrent-ils tous de combattre avec énergie pour repousser leurs agresseurs.

Parmi les cinq cents familles de la Mission, deux cents hommes pouvaient prendre les armes. Les autres personnes : vieillards, femmes et enfants, furent installées dans les huttes élevées au centre du village. Grâce aux chasseurs qui l’avaient accompagné, le colonel se trouvait à la tête de deux cent vingt hommes résolus, sans compter Sans-Peur, qui, par sa connaissance approfondie des coutumes des Peaux-Rouges, pouvait rendre d’immenses services.

Malgré les vives instances du jeune Louis de Vorcel, pour se mêler aux combattants, le colonel exigea qu’il demeurât près de sa sœur.

Comme il n’y avait pas de temps à perdre, M. de Vorcel envoya cent hommes dans un bois situé à peu de distance, avec ordre d’abattre autant d’arbres qu’ils le pourraient et de les transporter sur la colline pour élever un retranchement. Les autres furent chargés de creuser autour du village un fossé