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le chef des hurons

— Je suis charmé qu’elle vous plaise, car elle est de moi.

— Je reconnais bien là votre prévoyance.

— Sachant que les sauvages marchent généralement en masse compacte, j’ai pensé que quelques volées de mitraille éclairciraient un peu leurs rangs.

— Et vous avez eu raison. Allons, allons, je crois que la Mission verra encore de longs jours.

— Puissiez-vous dire vrai ! fit le capitaine d’un air soucieux.

— En douteriez-vous ?

— Je vous avoue franchement que je ne suis rien moins que rassuré.

— D’où vous vient cette inquiétude ?

— En me rendant ici, j’ai rencontré plusieurs de nos batteurs d’estrade, et les nouvelles qu’ils m’ont apprises sont assez graves. Il paraît que les Indiens qui nous attaqueront seront nombreux. Leurs détachements sillonnent le bois, se dirigeant tous à quelques lieues d’ici, où ils doivent se réunir avant de marcher contre la Mission.

— La situation est grave, en effet, mais avec l’aide de Dieu, nous nous en tirerons à notre honneur. Quoi qu’il arrive, nous aurons fait notre devoir.

M. de Vorcel emmena le capitaine dans la hutte que le missionnaire avait mise à sa disposition ; puis, après avoir fait appeler Sans-Peur, il commença à élaborer un plan de défense.

La Mission était placée dans une situation très avantageuse, pour repousser une attaque des sauvages, qui, n’ayant aucune notion des coutumes de la guerre européenne, marchent habituellement en masses serrées que les balles peuvent fouiller aisément.

Aux deux extrémités du plateau sur lequel s’élevaient les huttes de la Mission, le Père Florentin avait fait élever un rempart formé de troncs d’arbres, dont l’approche était défendue par un fossé large de huit mètres et profond de cinq.

Dans ces conditions, dix hommes, abrités derrière chacun de