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le chef des hurons

Soudain des cris stridents retentirent, et les Peaux-Rouges, se dressant des deux côtés à la fois, s’élancèrent vers la colline en bondissant comme des tigres.

Le colonel les laissa approcher jusqu’à trois cents pas ; alors il cria d’une voix tonnante :

— Feu !

Une décharge effroyable éclata comme un roulement de tonnerre, fauchant les Indiens comme des épis mûrs.

Les sauvages s’arrêtèrent un instant, mais leur hésitation fut de courte durée : poussant de nouveau leur terrible cri de guerre, ils s’élancèrent avec furie vers la colline dont ils commencèrent à gravir les pentes sous un feu meurtrier qui les couvrait de fer et de plomb. La mitraille vomie par les canons creusait dans leurs rangs des sillons sanglants, sans que leur élan se ralentît.

Ils allaient bientôt atteindre les retranchements, quand des hurlements formidables montèrent de la plaine.

— C’est le cri de guerre des Hurons ! hurla Sans-Peur. Courage, camarades !

Les assaillants comprirent immédiatement le danger qui les menaçait. Pris entre deux feux, leur défaite était certaine. Sans hésiter, ils lâchèrent pied et dévalèrent les pentes de la colline.

Sur l’ordre du colonel, cinquante soldats montèrent à cheval et quittèrent le village, commandés par le capitaine Verdier, qui s’élança avec ses hommes, descendant la colline, ventre à terre, volant comme une avalanche, au risque de rouler au bas de la pente.

Par quel miracle atteignirent-ils la plaine ? Nul n’aurait su le dire.

En moins de cinq minutes, le capitaine et sa troupe se trouvèrent au milieu des sauvages que les Hurons attaquaient avec furie.

Alors commença un véritable carnage

— Tue ! tue ! hurlait le capitaine.

Les Indiens, hachés par les sabres, foulés sous les pieds des