V.
HÉCATOMBE DE SAUVAGES.
e lendemain, dès l’aube, le colonel fit creuser de larges tranchées, dans lesquelles on entassa les guerriers tués dans le combat de la veille.
À dix heures, tout était terminé, et les défenseurs de la Mission, rassurés par le calme qui planait sur le désert, se livraient aux apprêts de leur déjeuner, quand tout à coup, trois Peaux-Rouges à cheval débouchèrent de la forêt, s’avançant au petit galop de chasse.
Le colonel, aussitôt prévenu, courut au retranchement, où il fut immédiatement rejoint par Taréas et Sans-Peur.
— Que peuvent nous vouloir ces Indiens ? murmura le colonel en examinant les arrivants, à l’aide de sa lunette d’approche.
Le chef sourit dédaigneusement.
— Mon colonel, dit Sans-Peur, ces sauvages ne viennent ici que pour se rendre compte des forces dont nous disposons.
— S’il en est ainsi, faites tirer sur eux.
— Gardons-nous-en bien ! s’écria le chasseur. Quoique ces païens aient juré notre mort, nous devons agir loyalement