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le chef des hurons

rejoint ses guerriers. Il se retourna, poussa son cri de guerre, sauta en selle et s’éloigna rapidement.

En quelques minutes, Niocébah et ses deux guerriers atteignirent la forêt et disparurent sous le couvert.

Il mit alors pied à terre et se dirigea vers un feu autour duquel plusieurs sachems fumaient leur calumet sans échanger une parole.

Niocébah s’assit sur un tronc d’arbre, bourra son calumet et fuma sans que les chefs eussent fait le moindre mouvement. Cette opération préliminaire terminée, il rendit compte de son entrevue avec le colonel.

Lorsqu’il eut rapporté les paroles insultantes de Sans-Peur, un cri de rage jaillit de toutes les poitrines ; mais un homme qui se tenait à quelques pas s’avança et fit un geste indiquant qu’il désirait parler.

Un grand silence se fit aussitôt et les sachems fixèrent sur l’homme un regard interrogateur.

C’était un de ces féroces pirates qui sillonnent les prairies, pillant les caravanes, égorgeant les voyageurs et combattant dans les rangs des Peaux-Rouges chaque fois qu’il s’agissait de mettre la main sur un butin important.

C’était lui et ses compagnons que Sans-Peur avait aperçus la nuit précédente pendant la reconnaissance qu’il avait faite dans la forêt.

— Chefs, dit-il, après la défaite que vous avez essuyée hier, vous ne sauriez prendre trop de précautions avant de tenter une nouvelle attaque. Voici donc ce que je vous propose : je vais me rendre à la Mission avec quatre de mes camarades ; le colonel qui doit avoir besoin d’hommes résolus, s’empressera, sur notre demande, de nous engager. Dès que la nuit sera venue, montez hardiment à l’assaut du village : nous profiterons du désordre occasionné par le combat, pour vous ouvrir la barrière. Une fois dans la place, grâce à votre nombre, vous serez facilement vainqueurs.