Page:Villemain - Études d’histoire moderne.djvu/53

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LASCAMS.

Parmi les voyageurs italiens, un jeune Médicis surtout ne pouvait contenir sa vive douleur, en voyant ces derniers débris d’un grand peuple. « Qu’avons-nous fait? s’écria-t-il. Comment Constantinople, cette ville que l’on disait encore si puissante, est-elle tombée au pouvoir des Turcs? N’aviez-vous pas des richesses, d’immenses trésors enviés par l’Europe ? Il n’y avait plus parmi nous d’amour de la patrie répondit celui qui paraissait le chef des fugitifs les citoyens ont gardé chacun leurs richesses et l’Etat tout entier a péri. Mais quoi reprit Médicis, les Génois occupaient vos faubourgs, étaient vos alliés, vos marchands Ils nous ont trahis, répondit le malheureux Grec. Pourquoi nous auraient-ils été fidèles ? Ils feront le même commerce avec les Turcs c’était le courage désintéressé, c’était la foi religieuse de l’Europe qui seule aurait pu nous sauver. » Alors l’étranger, retenant à peine ses pleurs, raconte en peu de mots que Mahomet avait amené de l’Asie contre Byzance un immense appareil de vaisseaux, de soldats, et fatigué tout son empire pour assiéger cette ville, qu’il regardait comme une capitale dérobée à ses conquêtes. Seuls, dit-il, que pouvions-nous contre de telles volontés et une telle puissance? Depuis quarante jours, animés par le courage de notre empereur, nous supportions les attaques des Barbares. La mer, bien que remplie de leurs vaisseaux, nous était encore favorable, et semblait nous promettre des secours de l’Occident. Une chaîne de fer inexpugnable fermait l’entrée du por