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l’hospitalité et aux médecins du roi maure de Cordoue. Tolède reconquise par les Espagnols garde sa grande mosquée. Les Maures se font chevaliers comme les Espagnols, et ceux-ci deviennent savants et mathématiciens comme les Maures. Ce curieux spectacle de deux peuples, tour à tour conquérants et conquis, se communiquant toutes leurs idées et ne se mêlant pas, se ressemblant de génie et invinciblement séparés par la religion, voilà ce que nous étudierons dans les récits espagnols, depuis le vieux poëme du Cid jusqu’aux chroniques de la guerre de Grenade. Par une réserve fort naturelle, nous disserterons peu sur la littérature arabe, dans ses rapports avec l’Europe au moyen âge. Si nous avions quelque chose du vaste savoir de M. Fauriel, qui possède l’arabe comme le grec moderne et toutes les littératures du Midi, nous entrerions avec joie dans ces mines d’Orient, où se cachent tant de trésors d’imagination et de poésie. Mais, ignorant que nous sommes, nous tâcherons seulement de chercher le reflet du génie arabe dans le génie espagnol, d’où il passa dans le reste de l’Europe.

Beaucoup d’esprits reçurent au moyen âge l’influence de la littérature et des inventions arabes, sans connaître la source originale. Le