En parcourant la variété des connaissances humaines, on aperçoit deux grandes divisions de l’intelligence, auxquelles tout vient se réunir. Dans l’une, l’esprit s’exerce sur la matière ; dans l’autre, sur lui-même ; l’une renferme toute la science des objets extérieurs, depuis la mécanique la plus vulgaire jusqu’à celle des cieux ; l’autre n’a pour objet que notre cœur ; et ses instruments sont la morale, l’éloquence et la poésie.
Un même génie peut-il rassembler en lui ces deux forces opposées ? ou leur séparation est-elle aussi invincible que leur différence est manifeste ? Lorsque la science physique était à ses commencements, incomplète et grossière, elle ne pouvait seule suffire à toute l’activité d’une tête puissante : et d’ailleurs, elle avait besoin de t’imagination, pour couvrir ses ignorances et ses erreurs. Pythagore, qui porta chez les Grecs la science des nombres, enseignait la morale en vers harmonieux ; et le divin Platon étayait sur la géométrie sa brillante métaphysique. Mais quand la science eut recueilli dans son domaine des multitudes d’observations et de faits, elle dut se retirer à part et ne