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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

et que Pindare devait célébrer. Xénophane les dénombre tous, et déclare que le plus heureux vainqueur de Pise ne vaut pas un philosophe, « car, dit-il[1], notre sagesse est plus précieuse que la vigueur des hommes ou que celle des chevaux. En effet, qu’un homme puissant au pugilat vienne chez un peuple, eût-il la supériorité dans les cinq combats, fût-il le premier à la lutte et à la course, ce qui est le suprême degré de force dans les jeux, la ville, pour cela, n’en sera pas mieux gouvernée. C’est une petite joie pour elle qu’un de ses citoyens soit athlète vainqueur aux rivages de Pise, car cela n’enrichit pas le trésor de la ville. »

Xénophane faisait bien d’autres reproches encore à l’inutilité et à la dépense des jeux. La durée de l’institution devait lui répondre et montrer comment ces jeux armaient le courage et préparaient la résistance que rencontra Xercès.

Le philosophe qui les dédaignait ainsi était lui-même un Grec d’Asie, conservant quelque chose de la mollesse élégante que le voisinage de la Lydie et l’heureuse ressemblance avec ce climat donnaient aux habitants du rivage ionien, « dans ces villes où, » dit-il lui-même, « lorsqu’elles n’avaient pas encore subi la hideuse tyrannie, on allait par milliers à l’assemblée publique, avec des robes artistement travaillées, et

  1. Poet. lyr. græc., ed. Bergk., p. 357.