génie lyrique adoucit, en s’y mêlant, les terreurs de la scène. Ailleurs, au contraire, l’action de l’hymne vengeur ou prophétique vient aggraver ces terreurs, au lieu d’en distraire.
Dans l’Œdipe-Roi, ce chef-d’œuvre de Sophocle que Voltaire avait cru perfectionner, l’abaissement de la puissance, le châtiment des fautes dont elle est coupable, même sans le savoir, toute cette leçon vivante dans le drame est résumée par le chœur en axiomes sublimes.
« Puisse, dit-il[1], la fortune m’assister dans mon soin de garder toujours la pureté des paroles et des actions, les soumettant aux lois suprêmes, filles célestes, dont l’Olympe seul est le père, que nulle origine mortelle n’a enfantées, et que l’oubli n’endormira jamais ! Un grand Dieu a inspiré ces lois ; et il ne vieillit pas. L’orgueil enfante le tyran, l’orgueil, lorsqu’il est vainement rassasié de succès, sans à-propos et sans fruit. Monté au sommet, il s’est brisé contre la nécessité, là où le pied lui manque. L’épreuve qui vient heureusement pour cette ville, je supplie le Dieu de ne pas l’éloigner. Je ne cesserai pas d’avoir le Dieu pour guide. Si quelqu’un chemine avec insolence en actes ou en discours, sans crainte de la justice, sans respect pour les autels des Dieux, que la mauvaise fortune le saisisse, pour prix de ses misérables joies ! et
- ↑ Sophocl. Œdip. Reg. p. 89.
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