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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/296

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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

sous les eaux du ciel ; mais aucun sol n’en produit autant que la basse terre d’Égypte, quand le Nil débordé vient émietter les glèbes humides. Aucun ne possède autant de villes, monuments de l’industrie des hommes, etc. Ptolémée le Magnifique domine également une part de la Phénicie, de l’Arabie, de la Syrie et des noirs Éthiopiens. Il règne sur la Pamphylie entière, sur les Ciliciens guerriers, les Lyciens, les Cariens belliqueux, et sur les îles Cyclades. Car pour lui des navires, excellents voiliers, traversent l’étendue de la mer. La terre et les fleuves bruyants obéissent à Ptolémée. Maint cavalier, maint homme de pied, couverts de leurs boucliers, frémissent serrés sous l’airain éclatant de richesse ; tant, chaque jour, il arrive de trésors dans sa riche demeure ! Et cependant les peuples en paix sont occupés de leurs travaux. Nul ennemi, descendant sur les bords du Nil peuplé de crocodiles, n’a soulevé dans ces villages qui lui sont inconnus un cri de guerre et d’effroi. Nul homme armé n’a sauté des nefs rapides sur le rivage d’Égypte, pour enlever des troupeaux. Tel est le prince qui règne sur ces campagnes ouvertes, Ptolémée à la blonde chevelure, habile à manier la lance, mais ayant surtout à cœur de maintenir inviolable l’héritage paternel, et sachant y joindre de nouvelles conquêtes. Et cependant l’or ne reste pas inutilement amassé dans son palais, comme l’épargne de la fourmi laborieuse. Les temples des dieux en reçoivent une