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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

et il s’honora par sa fidélité à des amis malheureux, et par ses regrets pour un frère dont il alla, dans un long et dangereux voyage, honorer les restes ensevelis en Asie. Et toutefois, dans le dégoût que donnent quelques poésies impures conservées sous le nom de Catulle, on ne sera guère tenté de chercher près de lui l’étincelle lyrique, telle du moins qu’elle nous plaît. Songeons, pour être justes, en dépit des grossières peintures échappées au chantre délicat du Moineau de Lesbie, que du même foyer est sorti le grand lyrique de Rome, demeuré tel pour le monde moderne. Aussi peut-on, je crois, essayer déjà sur Catulle quelques-uns des blâmes mérités par Horace.

Nous ne saurions juger, d’après des œuvres trop mutilées, toute la verve satirique de Catulle. Ce que Suétone appelle d’immortels stigmates infligés par ce poëte à César, nous paraît surtout bassement obscène ; et il semble que la probité fière et libre du jeune patricien, revenu de Bithynie sans emploi et sans trésor, aurait dû lancer sur la corruption et les vices dont s’entourait César d’autres traits plus pénétrants et plus durables. Mais quel charme parfois, quel accent rapide et vrai dans les moindres souvenirs de son voyage d’Asie !

« Déjà le printemps ramène sa fraîche tiédeur ; déjà l’impétueuse violence du ciel équinoxial se tait sous la douce haleine du Zéphire. Vite, quittons, ô Catulle, les plaines de la Phrygie et le fertile terroir de la brû-