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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

née, viens à nous ; Hymen, ô dieu de l’hyménée ! »

Il y a sans doute un charme de poésie et même de pureté dans ce second Épithalame, réduit aux chants alternatifs de ces deux chœurs d’élite, qui souvent représentaient la jeunesse romaine aux fêtes des dieux. Quelque chose de la gravité patricienne semble ici modérer la passion, ou la licence de la muse grecque ; mais c’est en oubliant sa gracieuse mythologie. Nul doute cependant que, formé par l’étude de plusieurs âges de la poésie grecque, Catulle n’en ait retrouvé et mêlé habilement les couleurs dans une autre œuvre de son art, dans un autre souvenir qu’Hésiode lui-même[1] avait chanté, l’épithalame de Thétis et de Pelée. Depuis Hésiode et depuis Homère, l’art grec avait dû bien des fois reprendre ce souvenir voisin des Argonautes et de la guerre de Troie. Il n’en était pas de plus favorable à la poésie de tradition, à cette toile de Pénélope que tissaient les ingénieux travailleurs d’Alexandrie. Quelques siècles auparavant, Pindare avait dit de Pelée : « Il a vu le cercle magnifique[2] où s’étaient assis les rois du ciel et de la mer, faisant apparaître les dons et la puissance qu’ils destinaient à sa race. »

Depuis lors, cette image des noces de Thétis et de Pelée avait souvent occupé la peinture comme la

  1. Ἐπιθαλάμιον εἰς Πηλέα καὶ Θέτιν.
  2. Pind. Nem., IV, ed. Boiss.

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