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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

gue de sa glorieuse vie devant le Carthaginois vainqueur, voilà ce que ma reconnaissance redira dans des vers célèbres, et avec eux Fabricius ;

Et lui, et Curius aux cheveux hérissés, la rude pauvreté les enfanta pour la guerre, sur le petit domaine et près du foyer de leurs pères. »

Le poëte d’Auguste n’a pas craint ces grandes images, usurpées par l’empire avec l’ancienne gloire de Rome.

« Comme un arbre s’accroît par le cours insensible du temps, ainsi grandit la renommée de Marcellus ; l’astre des Jules brille entre tous les astres, comme la lune parmi tous les feux inférieurs du ciel.

Père et gardien de la race humaine, fils de Saturne ! à toi les destins ont confié la tutelle du grand César ; règne, avec César au-dessous de toi.

C’est lui qui, soit qu’il ait traîné à son légitime triomphe les Parthes menaçants pour Rome, ou sur la rive orientale les Sères et les Indiens, régira de ses lois équitables le vaste univers. Toi, de ton char redouté tu ébranleras l’Olympe ; toi, sur les bois sacrés qu’on profane tu lanceras les foudres vengeurs. »

Cette seconde place, que tout à l’heure le poëte n’admettait pas dans le ciel après le dieu suprême, il la réserve pour Auguste ; et il la lui donne sur terre, au nom des glorieux souvenirs de Rome, dont il l’entoure.

Horace se faisait le chantre d’Auguste, comme Simo-