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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Pacorus brisa nos efforts mal propices ; et elle triompha d’ajouter à ses petits colliers une nouvelle proie.

Rome, obsédée de séditions, faillit être détruite par le Dace et l’Éthiopien, l’un redoutable par sa flotte, l’autre plus puissant par ses flèches rapides.

Le siècle coupable a profané d’abord le mariage, la famille, le foyer. Jaillissant d’une telle source, le mal s’est répandu sur le pays et sur le peuple.

La vierge nubile apprend avec joie les danses ioniennes ; elle assouplit son corps avec art ; déjà, dans un âge tendre, elle médite d’incestueuses amours.

Bientôt elle cherche de jeunes adultères à la table même de son mari ; et elle ne choisit guère à qui elle accordera quelque furtive faveur, quand on emporte les flambeaux.

Mais, sur un signe impérieux, elle se lève, non sans la complicité d’un époux, à l’appel de quelque commerçant, ou de quelque armateur d’une nef espagnole achetant la honte d’autrui.

Elle n’était pas née de semblables parents cette jeunesse qui rougit la mer de sang carthaginois, et abattit Pyrrhus, le grand Antiochus et l’implacable Annibal.

Elle était la mâle postérité de rustiques soldats, accoutumée de retourner la glèbe sous les hoyaux sabins, et, au gré d’une mère sévère, d’emporter à dos un faix de bois coupé, à l’heure où le soleil