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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

amour, à la pensée du Dieu victime et sauveur ! L’évêque poëte se complaît dans ce culte, lors même qu’il y mêle encore quelque souvenir des choses de la terre et d’une philosophie plus humaine :

« Aux accents doriens des cordes attachées à l’ivoire de la lyre[1], j’élèverai ma voix sonore, pour toi, bienheureux Immortel, Fils glorieux de la Vierge ! Conserve-moi des jours exempts de maux, ô Roi ! une vie fermée, nuit et jour, à la douleur. Fais briller à mon âme une lumière échappée de la source spirituelle ; donne à ma jeunesse la vigueur d’un corps sain et robuste, et la gloire de bien faire. Accorde-moi des ans fortunés, jusqu’aux derniers plaisirs de la vieillesse, en faisant croître en moi la prudence avec la santé.

Ô Immortel ! conserve-moi mon frère, que naguère, lorsqu’il était près de passer les portes de la mort, tu nous as ramené, dissipant ainsi mes inquiétudes, mes pleurs et l’agitation de mon âme. Tu l’as retiré des ombres de la mort, par pitié pour ton suppliant, ô mon Père !

Conserve aussi ma sœur et le couple de ces jeunes enfants, et cache toute cette maison paisible sous l’abri tutélaire de ta main ! La compagne de mon lien conjugal, ô Roi ! garde-la-moi saine et sauve, sans maladie, sans affliction, toujours aimée, toujours unie

  1. Συνεσίου ὕμνοι, cur. Boiss., p. 154.