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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

gers à l’art de la parole, non redoutés dans l’art de la guerre, nous ne connaissons que toi seul, ô Christ !

Avec une âme pure et simple, une voix pieuse, agenouillés devant toi, nous apprenons à t’invoquer par les larmes et les chants.

C’est le prix de nos journées ; c’est l’art dont nous vivons ; c’est notre première œuvre, quand le soleil ranimé se lève. »

Les strophes suivantes languissent et deviennent bizarres, dans quelques détails sur la lutte nocturne de Jacob contre un ange. La parabole est ici mêlée d’une sorte d’indécence mystique. Mais bientôt l’élévation morale reparaît dans le vœu du chrétien, pour que le nouveau jour qui lui est accordé passe irréprochable, que la langue n’y fasse pas de mensonge, que la main, que les yeux n’y pèchent pas.

« Un surveillant nous assiste d’en haut, et chaque jour voit tous nos actes, de l’aube jusqu’au soir. C’est le spectateur et le juge de tout ce que conçoit l’âme humaine : personne ne trompe ce témoin. »

L’hymne du soir, pour demander une nuit paisible, l’éloignement des songes et la pureté de l’âme, n’est pas d’un tour moins naturel. Après une invocation au Père et à la Trinité, le poëte dit en strophes alcaïques enlacées avec art :

« Le labeur du jour est passé[1], l’heure du repos

  1. Prud. Oper. ; Cathemer. hymn.