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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

Nous croyons les paroles, ô Rédempteur ! alors que, triomphant de la mort, tu appelles à ta suite le larron associé à la croix. Voici ouverte aux fidèles la voie brillante du paradis. Il est permis à l’homme d’entrer dans ce bois, que le serpent lui avait ravi. Je t’en supplie, divin guide ! reçois et sanctifie l’âme pieuse dans la demeure natale, qu’elle avait quittée pour l’exil et l’égarement. — Nous cependant, nous couvrirons ces restes de violettes et de verdure ; et nous arroserons de parfums l’épitaphe et la froide pierre. »

À ces élévations religieuses, à cette métaphysique chrétienne qui est une poésie, Prudence avait allié les souvenirs récents du martyre. Plusieurs héros de la foi sont célébrés dans ses hymnes puissantes sur les contemporains, mais longues et parfois étranges pour nous. Sa palme lyrique, la fleur inaltérable de son génie, ce sont quelques vers touchants et naïfs sur le premier martyre, celui des enfants innocents immolés par Hérode :

Salvete, flores martyrum,
Quos, lucis ipso in limine,
Christi insecutor sustulit,
Ceu turbo nascentes rosas :

Vos prima Christi victima,
Grex immolatorum tener,
Aram ante ipsam simplices,
Palmâ et coronis luditis.

Ces vers, on peut le dire, ne périront jamais, et se-