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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

qui fait resplendir le jour, dont nous sommes éclairés. Car, en beauté et en splendeur, il est votre image. Soyez aussi loué par la blanche lune et les étoiles errantes que vous avez répandues dans les cieux ! Que Notre-Seigneur soit loué par le feu, dont les rayons illuminent la nuit, par le feu brillant, rapide, magnifique, inépuisable !

Que Notre-Seigneur soit loué par l’eau, l’élément le plus salutaire aux mortels, humble, pur, limpide ! que Notre-Seigneur soit loué par la terre notre mère, qui nous porte et qui nous entretient d’une si féconde variété de fleurs et de fruits ! Que Notre-Seigneur soit loué de qui pardonne, en amour de lui, et de qui souffre les peines du corps avec patience, et la maladie avec allégresse d’esprit ! Que Notre-Seigneur soit loué par la mort, dont nul ici-bas ne peut éviter l’atteinte ! Pitié pour ceux qui meurent en péché mortel ! Bienheureux ceux qui, à l’heure suprême, se trouveront dans votre grâce, pour avoir obéi à votre sainte volonté ! ils ne verront pas la seconde mort, celle des peines éternelles. Louez, remerciez Notre-Seigneur : soyez-lui reconnaissantes et servez-le, vous toutes, ô créatures, avec l’humilité que vous lui devez ! »

De cette naïve abondance d’images et de prières redites par un peuple, à la voix d’un saint homme, la poésie allait monter aux cieux mystiques du Dante, à ce monde idéal tout parsemé de splendeurs, tout retentissant de voix célestes, mais où les merveilles

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