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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

toutes les autres. Ce n’est pas en vain qu’autour de ta bouche délicate un essaim d’abeilles composa son miel. J’en atteste le dieu du Ménale, chantant un hymne, ton ouvrage, et oubliant sa flûte pastorale[1]. »

Entre ces fables populaires, la longue vie du poëte paraît s’être écoulée dans le culte des dieux et les succès de son art, renommé par toute la Grèce. Il alla souvent à la cour de Hiéron, roi de Syracuse, et sans doute aussi à celle de ses fils, souverains moins puissants de villes fondées par eux.

Il y connut deux poëtes, Simonide et Bacchylide, le premier plus âgé que lui, l’autre plus jeune, et son concurrent trop inférieur pour n’être pas son ennemi.

Ce qui nous reste des poésies de Pindare le montrera, plus que nous ne l’avons dit encore, généreux et sensé dans les conseils qu’il donnait à quelques chefs des cités de Sicile et de la colonie grecque de Cyrène. La faveur qu’il trouvait chez ces princes, la conserva-t-il au même degré dans les villes libres de la Grèce et parmi ses propres concitoyens ? Nous avons déjà répondu à ce doute, au sujet d’Athènes, qu’il nommait « la brillante et courageuse Athènes, le boulevard de la Grèce. » Il n’avait pas moins honoré le courage de Sparte ; et les Lacédémoniens s’en souvinrent, lorsque, vainqueurs dans un combat contre

  1. Pind. Vit. ex Eustath.