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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

dolâtrie et du monothéisme, agissaient-ils au loin sur la croyance et l’imagination des hommes ?

La réponse, en ce qui concerne l’Inde, est obscure, lointaine, et suppose des recherches qui nous sont étrangères. Étudiés depuis à peine un siècle, de William Jones, à Lassen, à Burnouf, à Régnier, les hymnes des Védas peuvent, à travers la faiblesse des paraphrases, nous frapper encore par l’élévation mystique ; mais la singularité n’en est pas adoucie pour nous tout à la fois par l’habitude et par le respect ; nous y sentons la monotonie plutôt que la grandeur : et, dans l’immobilité même de cette foi antique des peuples de l’Inde, l’enthousiasme semble manquer, à force de croyance.

Ce culte, ces chants religieux, marqués d’un caractère si particulièrement indigène, ont-ils dépassé leur berceau et de bonne heure éveillé la poésie chez d’autres peuples ? C’est à la science des antiquités orientales de pénétrer dans ce problème encore peu avancé, même depuis que cette science nous a donné la traduction des grandes épopées de l’Inde, monument qui, s’il a précédé les poëmes homériques, ne saurait en expliquer ni en diminuer la grandeur originale.

Quoi qu’il en soit, sur cette influence de l’Inde, la découverte est à faire. Sur une autre influence du monde oriental, elle semblait, au contraire, déjà faite. Le progrès seul de la critique en a détruit ou déplacé les bases. On sait quelle part la science historique et religieuse, et même la philologie du seizième et du dix-