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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

dérivait leur nom même du mot hébreu Lekadmoni.

Tout cela est aujourd’hui rejeté bien loin par une philologie plus précise et plus vaste ; mais on ne peut nier qu’il ne reste encore de singulières coïncidences entre les sources hébraïques et le génie des Hellènes. Un savant du dix-septième siècle a cherché principalement cette similitude dans les maximes de Platon comparées aux prescriptions de la loi mosaïque ; il indique en exemple : 1o la crainte affectueuse de Dieu ; 2o l’interdiction de se venger et de faire aucun mal à autrui ; 3o l’obligation de la prière, d’accord avec le précepte pythagoricien : « Commence tous tes actes par la prière, afin de pouvoir les achever ; » 4o le devoir pour les puissants et les princes de se conformer au Roi des rois, au Dieu unique, parfait modèle de toute sagesse et de toute justice.

Mais ces recommandations morales, ces saintes lois et d’autres encore, gravées sur les tables de pierre de Moïse, se retrouvent aussi et peuvent se lire sur la table intérieure et vivante du cœur humain, sur cette table rase en apparence, mais, comme un marbre jaspé, dit Leibniz, sillonnée de veines profondes, où réside l’instinct des vérités nécessaires que développe la croissance de l’âme.

La rencontre des mêmes notions dans l’homme atteste, non pas une transmission unique et directe, mais l’identité des âmes et leur affinité naturelle avec la

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