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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/601

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

de redire, dans une sévère poésie, la puissance de la croix.

Élevez, élevez votre drapeau de gloire, ô vous, sublimes champions de la foi ! et qu’à son ombre, les peuples célèbrent sa victoire ! Élevez-le, pour qu’à sa hauteur ne puisse monter le bruit des pas de l’impiété…

Élevez, élevez le royal étendard dont l’aspect précipita les dieux de l’ancien paganisme du haut de leur Olympe dans l’abîme. Élevez-le, tel que Constantin le fit resplendir sur son front impérial, en alliant les aigles de Rome au labarum divin.

Élevez-le, tel que l’admirèrent, puissant et stable au-dessus des faisceaux de l’empire, les barbares triomphant au milieu de la ruine des peuples et des lois. Ils foulaient sous les pieds de leurs coursiers la splendeur de l’Europe, rassasiés qu’ils étaient de combats et d’exploits. Mais, devant les sacrés autels de la croix, le vaincu apprit au vainqueur à prier.

Élevez-le, tel qu’il apparut, pacifique et beau, pour ennoblir par la douceur du joug ceux qu’il plaît à la Providence d’émanciper dans la haute Amérique. Le temps a fait un pas, et, sous le coup de ses vicissitudes, qui délivrent aussi promptement qu’elles accablent, déjà un monde n’est plus tributaire d’un autre monde ; mais le soleil des Incas et des Aztèques illumine la colonne immuable du Calvaire.

Élevez-le ; car la chancelante humanité a besoin

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