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Page:Villemain - Essais sur le génie de Pindare, 1859.djvu/65

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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

la cultiver avec passion. C’étaient leurs annales, leurs prières publiques, la voix de leur peuple et de leurs prêtres. À l’origine même de la société hébraïque, avaient commencé les écoles des prophètes. On les voit du moins précéder le temps des rois, d’autant plus que nul autre pouvoir n’eût trouvé place entre le peuple choisi et le Dieu qu’il adorait. Là s’étudiaient, avec la religion, la musique et la poésie. Sous David et après lui, ces deux arts florissaient en Judée avec une magnificence qui peut étonner. Quatre mille chanteurs ou musiciens de l’ordre des lévites, rangés en vingt-quatre classes sous des maîtres nombreux, et attachés tour à tour pendant une semaine au service du temple, prenaient part à la célébration des hymnes sacrés.

« Par cet appareil, qui nulle part n’a été égalé, nous pouvons concevoir la splendeur de l’ode hébraïque, » dit un éloquent interprète. « Souvenons-nous qu’il ne nous en est parvenu que des débris dépouillés de toute leur pompe et de leur vivant éclat, hormis ces lumières de la pensée et de l’expression, sur lesquelles encore le temps a jeté bien des obscurités et des nuages. »

En résumant ainsi pour nous l’ode hébraïque, le docteur Lowth n’essayait pas de recherches sur la musique sacrée des Hébreux, sur le rhythme et ses rapports avec le chant, sur toute cette représentation enthousiaste et populaire qui devait porter si haut la puissance des cantiques sacrés.