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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

tous les dieux que l’imagination avait faits et que les passions adoraient.

Il est une autre forme encore du cantique hébreu, celle même que le docteur Lowth, dans son admiration un peu scolastique, rapporte au genre sublime, où le parallèle est plus acceptable, quoique la supériorité ne soit point douteuse. C’est qu’il ne s’agit plus là de la sublimité morale proprement dite, de cette sérénité de la raison révélée qui donne un caractère ineffable à quelques-uns des hymnes hébraïques. Il s’agit surtout de ce qui éclate dans beaucoup d’autres, la magnificence des images, l’excès de la passion, le tour extraordinaire de la pensée, ces choses admirables, mais humaines, parce qu’elles ne semblent que le suprême effort et le plus haut degré des dons qui sont en nous. Tel nous paraît ce psaume, où, dans la pureté du théisme judaïque, l’idée de Dieu est entourée d’un pompeux appareil, comme pouvait l’entrevoir l’enthousiasme orphique, dans ces mystères d’Éleusis dont Pindare avait connu la grandeur :

« Jéhovah, le Dieu des dieux a parlé ; et il a convoqué la terre, de l’orient du soleil à son couchant.

Des sommets de Sion s’est levé le Dieu de la beauté suprême.

Il viendra notre Dieu, et il ne se taira pas. Un feu dévorant marchera devant lui ; et un tourbillon s’amassera dans le cercle de sa présence.